Dans la famille Tissot, je demande… vins du Jura

Difficile de parler des vins du Jura sans évoquer au moins une fois le nom de Tissot.
Oui, mais la cousine du Sud-Ouest? La cousine, c’est Magali, l’exploitante, avec Ludovic Bonnelel, du Domaine du Pech, à Buzet. Je l’ai rencontrée à Angers, sur le salon « Renaissance des Appellations ».

Une petite femme pleine de vie, l’œil qui brille, le geste sûr et la parole franche… tiens, on dirait ses vins!

De Buzet, jusqu’à présent, je n’avais guère goûté que les vins de la coopérative, qui fait ce qu’elle peut pour faire oublier que Buzet n’est plus en Bordelais. Et rien de plus normal, puisqu’elle représente les 9/10èmes de la production. Notez qu’elle ne démérite pas. Il fut même un temps où sa cuverie ultramoderne faisait saliver les Australiens
Mais de là à dire que ses vins m’ont jamais transporté… Cabernet-merlot, merlot-cabernet, plus ou moins boisé ; pas mal vinifié, mais un peu passe-partout.
Il me restait à faire la connaissance des vins du Pech. 17 ha en conversion biodynamique depuis 2005. A priori, le moyen de faire, sinon du bon, au moins du pur.

Pur, c’est le mot qui m’est tombé des lèvres quand je les ai sorties de mon verre de Jarnicoton, l’entrée de gamme. Malicieuse, Magali me demande : «Vous connaissez l’histoire ? » Et oui, je veux, que je connais ! Le Père Coton était le confesseur d’Henri IV, figure tutélaire de Buzet. Et pour éviter de voir le Roi blasphémer, de Jarnidieu en ventrebleu, il avait conseillé au Vert Galant de dire « Jarnicoton ».
Tout cela pour expliquer que cette entrée de gamme est placée sous le signe de  la truculence. Le nez est joliment fruité, fin, avec quelques notes de réglisse et de bois des iles. De bois, pourtant, le vin n’en a pas vu. En bouche, c’est souple, mais assez structuré quand même. La finale est délicatement.

Autre choc : Le Pech Badin 2005. Un cabernet Sauvignon d’une fraîcheur comme peu de Bordelais savent en offrir, surtout à cet âge. Un croquant, une richesse, et une élégance rares. Pourquoi faut-il que des mêmes formules éculées reviennent toujours me hanter pour ce type de vins ; du genre : la main de fer dans le gant de velours ; pourquoi pas la féminité virile, pendant qu’on y est… Mais c’est ce qui me vient à l’idée. Belle matière, de la complexité, une belle expression minérale, mais aussi 100% de plaisir sur l’instant. ; un poil de sucre résiduel, aussi, si je ne m’abuse, qui renforce le fruité. Bref, une bouteille avec laquelle on a envie de badiner longtemps.
Bravo, Magali, vous êtes en passe de vous faire un prénom!